samedi 30 octobre 2010

Pensée d'automne

Sur ce chemin de campagne, l’herbe humide s’incline avec respect laissant pour toute trace quelques gouttes de rosée sur la pointe de mes souliers.
Un vent froid et pénétrant souffle avec vigueur. Le feuillage des arbres environnant frémit bruyamment faisant mine de résister à un envahisseur invisible et puissant, vainqueur annoncé d’une saison dont le règne vient de commencer.

La nature porte le deuil d’une année trop vite écoulée. Les stigmates du temps sont figés dans les feuilles des arbres maintenant desséchées.
Ces ténors de la forêt souffrent inlassablement de ne pouvoir communiquer. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Ils se comportent à notre égard en ainés bienveillant donnant tantôt leur force pour nous ressourcer ou leur appui pour nous épauler lorsque la vie devient trop lourde à porter.

Scarifiés par la passion amoureuse, ils deviennent malgré eux témoins d’infidélités ou de réparation pour l’honneur d’un cœur brisé. Ils recueillent les sentiments vivement exprimés et inspirent les poètes à l’esprit rêveur, dont l’âme trouve à leur coté un paisible sentiment de liberté.

A l’automne de sa vie, l’année se refroidie. Elle préfère s’isoler pour faire le point sur les mois trop vite passés. Les arbres l’aident à rédiger ses mémoires, à ne rien oublier. Chaque rencontre devient une histoire, un mot doux, imprimé sur fond vert dont l’encre naturelle prend le temps de sécher. Elles deviennent, alors, feuilles mortes prêtes à être postées. Le vent se chargera de les distribuer. Se dévêtir ainsi, au risque d’attraper froid, pour donner à la vie l’espoir de continuer montre une grande générosité, un acte d’amour à n’en pas douter.

Je balaye devant ma porte, trop de feuilles sont entassées. Il y en a des rouges, courrier du cœur ? Déclarations enflammées de quelques conquêtes oubliées ? Celles couleur or ne sont pas les dernières à se présenter. Elles ressemblent à s’y méprendre au rappel annoncé pour payer taxes et impôts divers et variés. Quant aux autres, couleur marron, nul ne connaît la nouvelle annoncée. Une anecdote oubliée ? Une pensée égarée ? Il faut lire entre les lignes pour percer leur secret.

Les mains gelées, je remonte mon col, un vent frais s’est levé, il est temps de rentrer.

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